3 KM JUSQU'à LA FIN DU MONDE

Adi, 17 ans, passe l’été dans son village niché dans le delta du Danube. Heureux de revoir ses parents et de retrouver son amie Llinca, il compte bien profiter de ses vacances dans son petit coin de paradis natal. Seulement, un soir, il est violemment agressé dans la rue : œil fermé, nez gonflé, corps meurtri. Les parents s’affolent, exigent une enquête et que justice soit faite. Au poste de police, on suspecte une agression pour vol, les soupçons visent les fils d’un notable du coin. À mesure que les faits semblent s’éclaircir, c’est le monde d’Adi qui chavire. Ses parents ne le regardent plus comme avant et l’apparente quiétude du village commence à se fissurer. Les raisons de l’agression sont claires et embarrassent sa famille puis les différents rouages de l’autorité locale (police, chef d’entreprise douteux, Église), la défense de la victime devient moins une nécessité que la volonté d’étouffer l’affaire sans créer de vagues. C’est bien d’un engrenage qu’il s’agit, et le classicisme de la réalisation allié à l’importance accordée aux dialogues est très habilement maîtrisé par le cinéaste, qui décrit sans fard la petite communauté confite dans ses croyances et incapable de tolérance. En résultent de petits arrangements et compromissions entre soi, pour ne pas attirer la “honte” sur un monde renfermé sur lui-même. Quel contraste avec les paysages somptueux du delta du Danube, où la nature est si verte et abondante, où le soleil danse en harmonie avec le vent et des particules miroitantes.
Le film est servi par une formidable équipe de comédiens, notamment les deux jeunes acteurs qui incarnent Adi et Llinca. Avec ce film bouleversant, le réalisateur roumain met en scène le pire de l’humanité, dans ce qu’il a de plus banal, mais aussi le meilleur, à travers le très pur personnage de Llinca, et nous offre une grande respiration finale dans laquelle l’horizon, enfin, s’ouvre, et s’élargit.