Le “Pays de nos frères” est le nom donné par les Afghans candidats à l’exil à l’Iran, le pays voisin, avec qui ils partagent souvent langue et culture et qui a accueilli pas loin de 5 millions d’entre eux. Un titre poétique pour évoquer une réalité sociale et politique qui l’est beaucoup moins.
Le film déroule sur vingt ans le destin d’une famille de réfugiés afghans qui tente de se faire une place dans ce pays d’accueil. Un jeune lycéen prometteur est réquisitionné arbitrairement par la police ; une femme doit cacher la mort de son mari à ses patrons ; un homme est convoqué au ministère des affaires étrangères à propos de son fils. Trois histoires, trois lieux, trois décennies : la narration gigogne d’Au pays de nos frères, élégante et maîtrisée, permet de varier les angles de vue. Chaque partie met en avant un protagoniste mais l’arrière-plan reste occupé par les discriminations, la lutte pour la survie et la nécessité du mensonge. Cruel, implacable et émouvant, Au pays de nos frères est une preuve éclatante du pouvoir du cinéma dans un pays qui tente pourtant de le museler.