JEANNE DU BARRY

Pour ce nouveau film, qui fait l’ouverture du Festival de Cannes - et que nous n’avons donc pas pu voir (contrairement aux autres films de Cannes qui sortent le 24 mai) - Maïwenn a appliqué la méthode qui est la sienne depuis le début de sa carrière de réalisatrice (c’est mine de rien son sixième long métrage) : le changement de cap radical. Après le très personnel et intimiste ADN, elle se lance dans le film historique, le film en costumes, et s’empare du personnage sulfureux de Jeanne du Barry, la dernière favorite du roi Louis XV.
Jeanne Vaubernier est une fille du peuple née de père inconnu qui, malgré une éducation au couvent qui la révéla très bonne élève, ne peut compter que sur sa beauté pour sortir de sa condition. Elle en prend acte et choisit ses amants avec soin. C’est ainsi qu’elle devient la maîtresse du comte du Barry, qui veut la présenter à Louis XV, espérant tirer profit - tel un vulgaire proxénète - d’une liaison entre Jeanne et le roi. La rencontre se concrétise par l’entremise de l’influent duc de Richelieu (l’arrière-petit-neveu du cardinal si j’ai bien suivi) et fait des étincelles : le monarque vieillissant sort de sa torpeur au contact de Jeanne et retrouve le goût de vivre - à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la cour…
Maïwenn rêvait de ce film depuis 2006 quand elle a vu le Marie-Antoinette de Sofia Coppola et découvert Mme du Barry sous les traits d’Asia Argento. “Mon cerveau a vrillé, dit-elle, je ne voulais plus quitter ce personnage. Tout me parlait chez elle, tout faisait écho à mon rapport à la vie, aux préjugés de classe, à la jalousie que je ressens depuis longtemps.” Gageons que la tornade Maïwenn sublime la du Barry !