LE PRINCIPAL

Tiré à quatre épingles dans son costume de fonction gris, Sabri Lahlali est principal-adjoint dans un collège de la ville où il a grandi. Sévère mais, espère-t-il, juste, ce pur produit de la méritocratie républicaine se fait une haute idée de sa mission. Que ce soit pour sa carrière (il brigue le poste de principal) ou pour sa progéniture (son fils est un élève de 3ème brillant), il faut dans son esprit viser toujours plus haut pour s’affranchir de tout déterminisme social. Plus haut, et plus loin, notamment du quartier où il a grandi et où le ramène désespérément, régulièrement, un frère en errance qui y vit toujours…
Dans cette vie quasi-monastique à la mécanique trop bien huilée, l’humanité affleure par petites touches maladroites. Ainsi, à l’approche des épreuves du brevet des collèges, Sabri est pétri d’une angoisse irrépressible pour l’avenir de son enfant…
Après le très remarqué De toutes mes forces, le cinéma de Chad Chenouga n’a rien perdu de sa simplicité, pleine de force et de tendresse. Il excelle à raconter de l’intérieur les tourments d’un homme déchiré, qui se découvre en un instant capable de fouler aux pieds ses principes les plus forts.