LE PROCèS GOLDMAN

À sa manière Pierre Goldman (demi-frère aîné de Jean-Jacques) était une légende. Personnalité emblématique de l’extrême gauche française, révolutionnaire (mai 1968, Cuba, Venezuela), braqueur, écrivain (Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France)….Il est arrêté en 1975 et condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée. Goldman en reconnaît trois, mais pas le quatrième, ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes et pour lequel il clame son innocence. En 1976, a donc lieu un second procès lors duquel Pierre Goldman est défendu par Georges Kiejman, futur ténor du barreau. Procès qui est donc l’objet du film de Cédric Kahn, en tous points remarquable.
Ce film huis-clos, qui pourrait être rébarbatif, est passionnant, captivant à plus d’un titre. Comme lecture de cette période bouillonnante, des débats agitant le militantisme d’alors, de ses espoirs, dérives et trahisons. Et comme chambre d’écho saisissante du présent, sur les méfaits de la police, le racisme, l’antisémitisme, la société du spectacle.
Le film doit beaucoup de sa force aux interprétations exceptionnelles de Arieh Worthalter, qui incarne un Goldman tout en fureur et en passion, et d’Arthur Harari (le co-scénariste d’Anatomie d’une chute), tout en retenue, en détermination, qui nous donne à voir l’intelligence hors du commun de Maître Kiejman, chargé de défendre son client malgré lui.