PAST LIVES nos vies d'avant

Dans un bar à New York la caméra observe trois personnages. Deux hommes, une femme. Deux sont asiatiques, le troisième est caucasien. Qui sont-ils ? Frères, sœur, amis, amants, mariés ? Tant de possibilités avec lesquelles nous jouons pendant un moment... Puis, nous voici dix-huit ans plus tôt, quelque part en Corée : Nora et Hae Sung, 12 ans, sont inséparables. Amis depuis toujours, ils se marieront, c’est certain. Sauf que les circonstances - ou plus exactement la décision des parents de Nora d’émigrer au Canada - les séparent. Huit ans plus tard la planète est ultra-connectée, au jeu du “Que sont-ils devenus ?” Facebook reliera Nora et Hae Sung pour quelque temps. Puis dix ans après Hae Sung prend un avion pour New York où Nora vit heureuse avec son mari Arthur. À 30 ans, ils se retrouvent, adultes, confrontés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient devenir.
Il serait faux d’y voir le préliminaire d’un simple triangle amoureux mélodramatique. Le film, à la fois intime et ample, est divisé en trois parties couvrant des décennies et des pays différents. Il joue avec les possibles, les doutes, les parties de soi auxquelles on a renoncé. Il y est question d’amour, toujours. Il y est question d’inyeon. De quoi ? Quelle drôle de bestiole est donc ce inyeon ? Nous nous garderons bien ici de dévoiler ce ressort du film !
Pour son premier film, Celine Song, autrice de théâtre, nous propose un canevas très ambitieux pour une histoire profondément personnelle. Un film clair-obscur d’une infinie douceur. C’est infiniment romantique, triste et joyeux, délicat et léger, toujours surprenant, souvent émouvant.