Ghostlight

Nous avons bien failli passer à côté de ce petit bijou ! Un “petit” distributeur avec qui nous ne travaillons pas souvent, un titre qui porte à confusion sur la nature du film : sans nos potos d’Utopia (qui l’avait mis en couverture de leur dernière Gazette) ce sensible Ghostlight nous aurait échappé et cela aurait été bien dommage.
Dan, ouvrier sur des chantiers de voirie à Chicago, qui paraissait de prime abord si calme, pète un plomb devant l’incivilité d’un type odieux au volant d’une bagnole hors de prix qui lui donnerait tous les droits. Cette explosion de violence est le fruit de mois passés à ruminer en silence. Pourquoi ? Comment ? Tout cela, on va le découvrir au fil du récit tout en sensibilité orchestré par le duo Kelly O’Sullivan-Alex Thompson (également scénariste) dans les pas de ce personnage qui, par hasard et en cachette de sa famille à qui il n’a pas osé dire qu’il a été viré, va intégrer une troupe de théâtre amateur mettant en scène Roméo & Juliette. Cette expérience, le texte qu’il a à interpréter, vont soudain entrer en résonance avec sa vie. Et c’est avec une grande finesse que va alors peu à peu remonter à la surface la source de son mal-être, de cette rage intériorisée qui a fait voler en éclats l’équilibre de sa famille. Un deuil impossible que le théâtre va lui permettre de faire sous les yeux de sa femme et de sa fille qui vont finir par découvrir à quoi il passe ses journées alors qu’elles commençaient à penser qu’il avait une double vie. Ghostlight est une ode au théâtre et plus largement à l’art comme un vecteur de reconstruction des âmes. Le tout en faisant fi de toute cérébralité, en épousant simplement la manière spontanée dont ce couple et leur fille reçoivent cette pièce. En plein cœur.